L’ordonnance de blocage des sites pirates en France vise les domaines de Z-Library

L’ordonnance de blocage des sites pirates en France vise les domaines de Z-Library

Quelques semaines avant que le ministère américain de la justice n’annonce l’ouverture de poursuites pénales à l’encontre de deux exploitants présumés de Z-Library en 2022, le Syndicat national de l’édition (SNE) avait déjà ciblé le site de manière indirecte.
En août de la même année, le SNE a obtenu une ordonnance du tribunal de Paris obligeant les fournisseurs d’accès à Internet français à bloquer plus de 200 noms de domaine.
En novembre 2022, l’ordonnance était en grande partie sans objet. Les autorités américaines n’ont pas seulement demandé l’arrestation de deux personnes liées au site en Argentine, elles ont également saisi la majorité des noms de domaine de la bibliothèque fantôme.
En théorie, cet enchaînement d’événements ne devrait pas poser de problème aux éditeurs, mais il a fini par jouer contre eux, car Z-Library n’a pas plié. Le site a enregistré des dizaines de nouveaux noms de domaine et a poursuivi ses activités après une courte interruption.
En conséquence, la victoire du blocage s’est avérée de courte durée. Les nouveaux noms de domaine ont rendu les blocages de Z-Library inutiles et les lecteurs français ont continué à affluer sur le site.
Sur le plan juridique, il n’y avait pas de solution facile pour ajouter de nouveaux domaines, de sorte que SNE a finalement dû retourner devant les tribunaux, ce qu’il a fait au printemps. Armé d’une liste de près d’une centaine de nouveaux noms de domaine, étayée par la victoire judiciaire précédente, il ne faisait guère de doute que le tribunal de Paris se prononcerait en faveur d’une extension.

Le tribunal accorde de nouveaux blocages à la Z-Library

Hier, Marc Rees de L’informé a rapporté que le Tribunal Judiciaire de Paris a signé une nouvelle ordonnance de blocage à la demande de SNE. L’action vise 98 noms de domaine au total, qui ont été jugés comme violant principalement le droit d’auteur.
Comme c’est souvent le cas dans ces procédures de blocage, les titulaires de droits ont fourni les preuves nécessaires. En l’occurrence, ils ont présenté les analyses de l’organisme de lutte contre le piratage LeakID, qui a constaté que sur un échantillon de 500 œuvres répertoriées sur Z-Library, 83 % provenaient d’éditeurs du SNE.
« Le SNE a établi de manière suffisamment convaincante que le site litigieux, qui s’adresse à un public francophone, permet aux internautes de télécharger des œuvres protégées à partir de liens sans avoir l’autorisation des titulaires de droits, ce qui constitue une contrefaçon de droits d’auteur », conclut le tribunal.

Douceur amère

Les éditeurs se réjouiront que le tribunal ait accédé à leur demande de blocage étendu de la Z-Library. Il s’agit toutefois d’une nouvelle victoire en demi-teinte.
Tout d’abord, Z-Library peut contourner les mesures de blocage sans trop d’efforts en enregistrant de nouveaux noms de domaine. Le tribunal a reconnu la nature « dynamique » du problème, mais l’ordonnance ne permet pas aux éditeurs d’ajouter de nouveaux domaines de leur propre chef.
Si le SNE souhaite bloquer d’autres noms de domaine à l’avenir, il devra revenir devant le tribunal. Ce processus de mise à jour peut prendre des semaines, voire des mois, après quoi le même cycle peut recommencer.

Blocage des domaines saisis

Le deuxième élément est lié à ce délai de blocage. SNE a soumis sa récente demande de blocage le 21 mai de cette année, quelques jours seulement avant que le FBI ne procède à sa dernière série de saisies de domaines de la Z-Library.
Par conséquent, la majorité des noms de domaine de la bibliothèque Z énumérés dans la dernière ordonnance du tribunal ne constituent plus une menace. En d’autres termes, les fournisseurs d’accès français ont reçu l’ordre de bloquer des dizaines de noms de domaine qui portent une bannière de saisie bien visible et qui ne sont plus contrôlés par Z-Library.
Ces domaines saisis comprennent go-to-zlibrary.se, singlelogin.se, booksc.eu, zlibrary-fr.se, zlibrary-redirect.se, z-library.se, go-to-zlibrary.se et bien d’autres

Un des domaines « bloqués » de Z-Library

D’autres noms de domaine « bloqués » ont expiré ces derniers mois et sont redevenus disponibles à l’enregistrement. C’est le cas de frenchbooks.se, greek-books.se, korean-books.se, et bien d’autres encore. Quelques autres domaines semblent être parqués.

Expiré et disponible

Cela signifie que, sur les 98 noms de domaine visés par la dernière décision de justice, seuls neuf sont encore actifs aujourd’hui. Les autres ne sont plus disponibles depuis des semaines et Z-Library a mis en place plusieurs domaines de remplacement, qui ne sont pas couverts par l’ordonnance de blocage.
Il n’est pas difficile de comprendre que toute cette procédure doit être une source de frustration massive pour les éditeurs. S’ils retournent devant les tribunaux, cela servira probablement d’exemple pour démontrer la nécessité d’adopter des mesures de blocage plus « souples ».
En même temps, on peut se demander pourquoi le tribunal de Paris accorde une nouvelle ordonnance de blocage pour des noms de domaine qui ne renvoient plus à aucun contenu illicite, ainsi que pour des domaines qui ont expiré.

LuLu

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